Marguerite Montaut dite Gamy.
Premier raid Paris-Bordeaux fait en 6 heures le 3 septembre 1910 par Bielovucic sur Voisin, 1910.
Lithographie rehaussée à la gouache. Imprimeur : Mabileau et Cie. H. 90 cm,
L. 45 cm.
Signature en bas à gauche : Gamy.
Inscription : I er Raid PARIS-BORDEAUX fait en 6 heures le 3 sept 1910 par BIELOVUCIC sur VOISIN monopole de la Cie AERIENNE
(Paris).
Provenance : vente aux enchères.
Don des Amis du musée d'Aquitaine en 2008.
Inv. 2008.11.2
Marguerite Montaut sous le pseudonyme de Gamy, anagramme de son surnom Magy fut, avec son mari Ernest, également dessinateur, l’une des premières artistes à se consacrer à l’illustration des nouveaux moyens de locomotion, dirigeable, automobile ou avion. Ensemble, ils mirent au point une technique de reproduction lithographique qu'elle continuera à utiliser après la mort de son mari en 1909 : les grandes lignes de l'affiche publicitaire sont dessinées sur la pierre lithographique et imprimées, puis les tirages sont peints à la main avec des pochoirs par des collaborateurs, ce qui explique les différences de nuances possibles pour un même sujet. En ce début de siècle, les aviateurs sont les nouveaux héros et la publicité s’empare de leur l’image. Comme les automobilistes, ces conquérants de l’espace et de la vitesse exercent une véritable fascination.
A peine âgé de vingt-et-un an, Juan Bielovucic Cavalié (1889-1949), péruvien né à Lima, de mère française, venu très tôt s’installer en France, avait obtenu son brevet de pilote quelques mois plus tôt, le 10 juin 1910 sur H-Farman. En ce début du mois de septembre, il accomplit un exploit qui fit la une de la presse nationale et régionale : la première liaison aérienne Paris-Bordeaux. Le 1er septembre 1910, il décolla d’Issy-les-Moulineaux pour atterrir à Orléans moins de deux heures plus tard. Il en repartit le lendemain pour Angoulême, après une escale à Châtellerault. Et enfin, troisième étape, il s’envola d’Angoulême pour se poser à Bordeaux sur le terrain de Mérignac-Beau-Désert. Il réalisa ainsi le record du monde de cross-country aérien avec escales sur son nouveau biplan de course Voisin à structure d'acier. La prouesse de Juan Bielovucic, navigant à vue en suivant la voie ferrée jusqu'à Orléans puis la Loire jusqu'à Tours et de nouveau la voie de chemin de fer jusqu'à Bordeaux, en trois jours pour six heures quinze de vol effectif, eut un immense retentissement. De plus, ce trajet Paris-Bordeaux donnait lieu depuis plusieurs années à des compétitions de vitesse aussi bien cyclistes qu’automobiles et même ferroviaires. Ce record assura une belle publicité à la Grande semaine d’aviation de Bordeaux qui eut lieu quelques jours plus tard, du 11 au 18 septembre, et vit les plus grands aviateurs, dont Juan Bielovucic, rivaliser d’adresse et de courage pour battre des records d’altitude et de vitesse.
Gamy dessina plusieurs affiches pour commémorer l’arrivée de l’aviateur à Bordeaux. L’avion survole le pont de pierre, amorçant sa descente pour se poser à Mérignac-Beau-Désert. L’oblique du biplan qui semble entrer dans l’image, avec le bout de l’empennage encore en dehors du cadre, le mouvement de l’hélice, la distorsion de la perspective et le raccourci, créent l'illusion de vitesse et d’espace.
© Mairie de Bordeaux B. Fontanel