Affiche café PRIMA Bordeaux
Ernst Deutsch Dryden
 (Autrichien, 1883 - 1938).

 

Lithographie en couleurs

Joseph Charles, imprimeur, Paris

Vers 1926

 

140 x 100 cm

H: 140.0 x L: 100.0 cm

 

 

 

L’affiche, acquise par les Amis du musée d’Aquitaine en 2021, présentée dans cette salle, participe à illustrer l’essor des usines et du commerce agro-alimentaire à Bordeaux à travers les objets publicitaires.

 

 

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La jeune femme vêtue d’un paréo court noué à la taille, tient un panier destiné à présenter les grains du café en réclame. Les reflets blancs de son vêtement tout comme le fond blanc de l’affiche contrastent avec la couleur noire de sa peau. Ce jeu de contraste entre la pureté du blanc et la noirceur de l’Africain ou de l’Antillais est souvent utilisé dans la publicité de cette première moitié du XXe siècle.

 

Peu d’éléments sont représentés mais l’affiche est néanmoins très parlante et très évocatrice d’un pays lointain garantissant l’origine et la qualité des grains du café.

L’allure et la pose naturelle de la jeune femme, le choix des couleurs ou encore le graphisme donnent un caractère très moderne à cette affiche datée de l’entre-deux-guerres. On notera le détail amusant des lettres de guingois en raison de la position des pieds de la jeune femme.

 

Cette belle affiche publicitaire évoque la présence à Bordeaux d’une maison de café alors connue : le Café Prima. Or, Le musée conserve très peu d’objets publicitaires illustrant cette marque bordelaise, juste un éventail (état moyen) évoquant cet établissement. L’acquisition de cette affiche viendrait compléter cette lacune.

L’intention de la conservation est de présenter cette affiche (en rotation avec d’autres documents) dans le parcours permanent inauguré en 2014 et intitulé Bordeaux port(e) du monde, 1800-1939. Cette affiche viendrait enrichir une épicerie reconstituée, achalandée de produits et d’objets publicitaires illustrant l’essor des usines alimentaires à Bordeaux et le commerce qui en découle durant la première moitié du XXe siècle.   Cette activité reposait alors sur les denrées fournies par l’arrière-pays agricole et les colonies (café, arachides, cacao, sucre, épices, rhum, etc.).

Reflétant la mentalité d’une époque qui utilise souvent l’image de la femme ou de l’homme « noir » dans la publicité, cette affiche serait aussi un support supplémentaire pour rappeler le rêve colonial auquel participe pleinement la ville de Bordeaux à partir du Second Empire et jusque dans les années 1940.

 Dès 1850, Bordeaux va renforcer ses activités commerciales dans les colonies, multiplier les grandes expositions et foires sur la place des Quinconces avec pavillons coloniaux, créer un musée colonial, développer l’enseignement colonial dans les facultés…. Elle compléterait ainsi nos collections évoquant l’activité de Bordeaux en tant que port colonial important.

 

L’auteur de cette affiche Ernst Deutsch-Dryden est fils d’un marchand juif de Szeged (Hongrie) sous le nom d’Ernst Deutsch. Entre 1910 et 1916, il travaille pour la célèbre imprimerie d’art Hollerbaum et en 1911, il déménage à Berlin pour travailler comme « premier employé » au magazine berlinois Elegante Welt. Il devient un grand affichiste et l’un des représentants les plus importants de l’art de la publicité. La Première Guerre mondiale met fin à sa carrière à Berlin. De retour à Vienne, il travaille comme créateur de mode pour femmes et hommes. En 1919, il prend le pseudonyme de Dryden. En 1926, Deutsch-Dryden s’installe à Paris puis vers 1929 émigre aux Etats-Unis, où il travaille dans le domaine de la mode et pour des grandes maisons de couture. En 1933, il s’implante enfin dans l’industrie cinématographique hollywoodienne en tant que créateur de costumes. Il décède en 1938 d’une crise cardiaque.

 

G. Dupuis-Sabron, conservateur au musée d'Aquitaine